Harpe celtique et chant

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18 septembre 2021

Charlaine Epinal, artiste mancelle à l’imagination vagabonde, s’est produite pendant 15 ans dans différentes formations vocales classiques. Elle donne des concerts en solo depuis une dizaine d’années, s’accompagnant de sa harpe celtique… Dans l’idée de partager une indicible passion pour son bel instrument aux 36 cordes.

Sur un répertoire épicé de mille couleurs, en perpétuel renouveau, sa voix de soprane navigue du monde celte aux confins de l’aire méditerranéenne, du baroque au folk actuel, en passant par des mélodies cubaines ou japonaises… Entre chants d’exil, chansons d’amour, compositions oniriques et musiques d’évocation, on pourra tout autant frapper dans ses mains, que fermer les yeux et s’évader sur ses douces mélopées.

Chronique de Marco Stivell, du site web culturel Forces Parallèles, sept. 2019

Album de Charlaine Epinal, Ballades d’amour et d’ailleurs…

Même les projets les plus humbles et abordables demandent du temps, une énergie distillée par le fruit des ans. Charlaine Epinal, Mancelle native et résidente, a débuté la harpe celtique il y a 15 ans, et dix de ceux-ci lui ont été nécessaires pour parvenir à faire aboutir ce premier album. Il est enregistré à Mulsanne, toujours dans le département de la Sarthe, au Master Studio, lieu fameux et trentenaire bien gardé par Thierry Chassang.

Ballades d’amour et d’ailleurs est un titre doux, fortement rêveur et séduisant pour une formule musicale chant et harpe celtique. Ce qui nous a ému chez Máire Brennan, Loreena McKennitt ou même Gwenaël Kerléo, cette image de la femme entonnant des mélopées tristes, suaves et déroulant de beaux arpèges avec délicatesse, Charlaine Epinal a le talent pour le faire vivre à son tour, appeler une telle sensibilité en nous et ne plus la laisser partir.

Le premier morceau ne vient pourtant pas du répertoire celtique mais arménien, et l’arrangement en a été emprunté à la harpiste grecque Elisa Vellia, spécialiste des couleurs orientales dans la musique bretonne. « Mer Dan » est une très belle valse mélancolique que demoiselle Epinal, la chanteuse, accompagne de vocalises mesurés, avec une touche lyrique subtile et héritée d’un cursus classique. L’autre morceau à résonance orientale est « La rosa enflorece », un traditionnel judéo-espagnol du XVème siècle.

À travers ce rapprochement des influences, on pourrait encore trouver un point commun avec Cécile Corbel, qui avait également proposé une reprise de « Blanche comme la neige », une chanson acadienne, au début de la décennie. La version de Charlaine Epinal n’est pas moins splendide, d’abord grâce à l’interprétation vocale (ces aiguës fines sont adorables !) et tout en gardant cette chaleur intimiste en musique. Chose que l’on doit autant à l’apport d’un vibraphone par Grégoire Vanherle, musicien de grande renommée, sur trois morceaux du disque.

La façon dont la voix, la harpe et le vibraphone chantent en harmonie sur la reprise du « Garçon jardinier » est saisissante. Cette chanson berrichonne, on l’avait (ré)entendue grâce à Malicorne, groupe qui suscite l’admiration de Charlaine Epinal tout comme Gabriel Yacoub avec qui elle a eu l’occasion de travailler.

Et que trouve-t-on d’ailleurs, quasiment enchaînée avec « La rosa enflorece » ? L’air de la « Schiarazula Marazula », bijou du XVIème siècle composé par Giorgio Mainiero, qui formait le final du génial « Pierre de Grenoble » en 1973. Demoiselle Epinal dévoile son amour pour la musique baroque, et le balancement de harpe fait mieux que nous convaincre ! Pour compléter la sélection de reprises, elle nous offre la « Brian Boru’s March », à la fois irlandaise et tout en rythme de siciliennes, pour s’accorder avec l’élégance européenne d’il y a deux ou trois siècles.

Aux côtés de ces fables et complaintes, peu joyeuses il est vrai – mais nul besoin de l’être pour plaire -, Charlaine Epinal propose quatre compositions. « Ménestrel chevauchant… » est une danse médiévale dont on apprécie la légèreté, de même que sur « Harpoceras » et sa progression un peu plus savante, avec un air de « chanson dans la chanson ». De la beauté pure…

S’il vous plait, n’écoutez pas ce disque de façon distraite, posez-vous et laissez-vous porter par cette « Danse des esprits ». Alors, vous verrez, entendrez peut-être les âmes s’éveiller à nouveau dans les résonances, caressées comme la vôtre par d’aussi jolies notes de harpe celtique et de voix féminine !

Et puis, après avoir entendu la pluie sur l’Irlande (pour « Brian Boru’s March »), vous verrez la mer qui borde la Bretagne, la moins proche possible des autres terres, qui vous laissera entrevoir les clochers de la ville submergée d’Ys, sur « La cité oubliée ». Un arpège lancinant et réverbéré suffit pour créer de telles sensations, sur un instrument merveilleux et au simple contact d’une musicienne très douée, dont on attend maintenant les prochains enchantements !


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